Origines

La Cotmec: un demi-siècle d’histoire

« Lorsque s’effacent les repères d’un monde meilleur, il reste toujours un impératif absolu: cesser de nuire. Résister à l’injustice, qu’elle soit d’ordre individuel ou structurel. »



Pierre Dufresne, pilier de la COTMEC dès sa fondation

 

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A l’origine, en 1968, il y a le refus d’un prêtre de payer la taxe militaire. Qui entraine la création de deux groupes de réflexion, comprenant des prêtres et des laïcs, l’un sur l’objection de conscience et l’autre sur les relations Nord-Sud. C’est de ce second groupe que naît la COTMEC (Commission tiers-monde de Eglise catholique). Elle reçoit du vicaire épiscopal de l’époque le mandat d’interpeller les fidèles, les autorités de l’Eglise et l’opinion publique sur les injustices qui affectent les peuples du Sud et de promouvoir la solidarité avec ces peuples.

Une équipe de laïcs bénévoles assume le fonctionnement de la Commission jusqu’à ce qu’elle reçoive, en 1976, le renfort d’un prêtre, André Fol. Avec lui naît, l’année suivante, une publication mensuelle, Cotmec-info, la « feuille jaune », bientôt connue au-delà des frontières du canton et même de la Suisse.

Cette « feuille jaune » reflète les diverses et multiples activités de la Commission. Qui reposent sur le socle d’une réflexion spirituelle à la lumière des défis de notre temps (inspirée, entre autres, par la théologie de la libération). Avec des rencontres de « témoins » du Sud de passage à Genève auxquels on offre l’occasion de faire entendre leur voix. Avec des prises de positions controversées, par exemple en faveur de l’initiative contre l’abus du secret bancaire, rejetée par le peuple en 1984. Ou, en lien avec la Commission tiers-monde protestante, sur l’implication de banques helvétiques dans le régime d’apartheid d’Afrique du Sud, thème qui figurera longtemps à l’ordre du jour. Ou encore, et toujours en « complicité » avec d’autres partenaires, des initiatives dans le domaine de l’asile.

Désendettement, Haïti, mondialisation…

André Fol remet la responsabilité de la COTMEC en 1989 à un laïc, Dominique Froidevaux, bientôt accompagné par Justin Kahamaile, né au Congo. Parmi les sujets qu’empoigne la Commission  figurent, en 1991, le désendettement de pays du Sud, à l’occasion des 700 ans de la Confédération et, la même année, la commémoration des 500 ans de la dite « découverte » de l’Amérique. L’attitude de la hiérarchie haïtienne lors du putsch qui a renversé le président Aristide fait l’objet d’un dossier critique publié en 1993. Puis la COTMEC s’attaque à la mondialisation néolibérale avec un livre intitulé « Guerre économique: l’heure de la résistance » (1997). Et revient, en 2002, sur la place financière helvétique avec « La Suisse dans la constellation des paradis fiscaux ». Elle participe aussi régulièrement aux campagnes oecuméniques de Carême.

Avec Justin Kahamaile, la COTMEC s’est engagée dans un effort de paix dans la région des Grands Lacs, marquée par le génocide de 1994 au Rwanda. Un livre de témoignages « Dépasser la haine – construire la paix » parait en 2011, après le décès de Justin. Au bout d’une dizaine d’années, Dominique Froidevaux est relayé par de nouvelles « permanentes », dont Martyna Olivet, biologiste, qui contribue à orienter la Commission vers la question essentielle de l’écologie. Avec, en 2004 déjà, un supplément du Cotmec-info sur « Environnement et spiritualité ». Un sujet en lien avec celui des inégalités et de l’injustice sociale dont traitera l’ouvrage intitulé « Trop riches, trop pauvres » (2015).

Faire face au défi du temps présent

Juin 2013: le bureau du Conseil pastoral de l’Eglise catholique romaine à Genève décide de retirer le mandat de la COTMEC à la fin de l’année. Un choc pour ses membres et pour ses amis qui réagissent par de vifs messages de protestation. La Commission a juste le temps de célébrer son 45ème anniversaire par le concert d’un ensemble de jeunes venus de Bolivie. Avant de perdre sa dernière « permanente », son local et son mensuel Cotmec-info dont l’ultime numéro, le 353ème, paraît en novembre 2014.

L’évêque du diocèse, Mgr Morerod, propose une médiation, mais elle avorte. Il oeuvre ensuite, avec une brochette de personnalités romandes, à la mise sur pied d’un organe diocésain sur la doctrine sociale de l’Eglise. L’ex-Commission participe ainsi à l’élaboration de ce qui devient la plateforme « Dignité et développement » dont elle fait partie, tout en gardant son identité. N’étant plus une commission au sein de l’Eglise de Genève, elle se constitue en association et cherche une autre appellation. En vain. Elle change alors de nom sans en changer, gardant celui de la Cotmec, mais en minuscules, pour signifier que ce n’est plus un acronyme mais un nom de famille.

Désormais, le « petit reste » (au sens biblique) de la Cotmec continue de se vouer à la question qui conditionne toutes les autres: la sauvegarde de notre « maison commune ». Il ne s’agit pas tant de prolonger l’aventure de la Commission que, au vu de l’urgence, de faire face, comme il y a cinquante ans, au périls de l’époque, avec d’humbles moyens et aux côtés d’autres. C’est ainsi que la Cotmec a publié, au début de cette année 2018, une nouvelle brochure, « Des germes d’espérance pour la vie sur la planète ». Et qu’elle entend continuer dans cette voie.

La COTMEC, ses témoins

André Fol, Monique Ribordy et Pierre Dufresne, Bernard Bertossa et Dominique Biedermann, Justin Kahamaile et Wilma Jung: Ils ont oeuvré pour la COTMEC en tant que permanent, collaborateur ou membre de la commission. A travers leur témoignage, leurs anecdotes et leurs réflexions ils nous donnent à voir ce qui a fait la vie de la COTMEC, par ceux qui l’ont fait vivre, pendant de nombreuses années. Vous pouvez télécharger en pdf les témoignages qui nous ont été livrés dans leur version originale: