La compensation carbone: un leurre

« Pour chaque article acheté, nous plantons un arbre. » De telles promesses de compensation carbone laissent entendre que nous pouvons retirer le CO2 émis dans l’atmosphère. On parviendrait ainsi à un équilibre et on atteindrait l’objectif de « zéro émission nette » de gaz à effet de serre dans l’air. Cette approche de lutte contre la crise climatique séduit, car elle semble simple, juste et efficiente. Malheureusement, c’est une illusion.

Les droits fonciers ne peuvent pas être compensés.

Le « zéro net » nécessite trop de terres.

Les promesses de zéro émission nette faites par les entreprises et les États alimentent la demande mondiale de terres. Car pour stocker de très grandes quantités de CO2 émises dans l’air, il faut aujourd’hui d’énormes surfaces de terres : des sols qui stockent le CO2 ou sur lesquels on peut planter des arbres pour retirer le CO2 de l’air. Tout cela n’est pas une bonne nouvelle pour les personnes qui vivent sur et de ces terres. Car avec ces pratiques, les familles paysannes ou éleveuses dans les pays du Sud perdent bien souvent le contrôle de leurs terres, et donc leurs moyens de subsistance, voire se retrouvent expulsées. On parle alors – quand il s’agit de grandes surfaces – d’accaparement des terres. En outre, les projets de reboisement menés sur les terres des familles paysannes profitent rarement aux personnes concernées, alors que les entreprises actives sur le marché mondial du carbone, principalement issues des pays du Nord, en bénéficient largement. Tant que nous continuerons à émettre du gaz à effet de serre, le stockage de CO2 ne pourra pas sauver le monde de la crise climatique. À long terme, ces efforts de compensation des émissions renforcent au contraire les injustices : la faim augmente, la biodiversité disparaît, et les droits des populations locales et autochtones sont menacés.

Pour que tous les gouvernements du monde puissent tenir leur promesse de zéro net d’ici  2060, environ 1,2 milliard d’hectares de terres serait nécessaire, soit l’équivalent de toutes les surfaces agricoles de notre planète !

Pourquoi cette méthode nécessite-t-elle autant de terres?
Les solutions purement techniques ne permettent pas (encore) d’extraire de grandes quantités de CO2 de l’air. Actuellement, le stockage de CO2 dépend principalement de solutions naturelles – la fixation du CO2 par les plantes et dans les sols. Or, ce procédé nécessite une grande quantité de terres. Ainsi, pour compenser les émissions annuelles mondiales de CO2, qui s’élèvent actuellement à 40 milliards de tonnes, il faudrait planter chaque année 40 milliards d’arbres. Dans 80 ans, il y aurait alors deux fois plus d’arbres dans le monde.

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